Histoire : 24 août 2008, Dublin, Irlande, cabinet de Mrs Sullivan
Il était tôt, Mrs Sullivan, psychologue très réputée n’était pas habituée à travailler à cette heure. Mais elle savait que sa patiente était quelqu’un de très important et que par conséquent son emploi du temps était bien rempli, elle avait donc accepté de la recevoir un dimanche matin, à 6h42.
Sa patiente n’était autre qu’Estrella Maeve Ònora, fille du richissime sorcier, Lord Adam P. Ònora. Elle descendait de la famille Klavinski et portait donc le titre de princesse. Une simple étiquette à ses yeux dont elle se fichait éperdument. Estrella était jeune, elle n’avait que 16 ans et allait sur ses 17. Elle était belle ce qui lui valait la convoitise de beaucoup d’hommes du pays, nombreux avaient voulu faire d’elle leur épouse à l’époque. A présent, tout était différent…
« Je n’ai en aucun cas le besoin de me confier à vous. » Murmura la jeune fille avec une certaine arrogance mais un calme déstabilisant. Elle se laissa machinalement glisser sur le fauteuil en cuir noir qui lui était destiné et posa ses yeux saphir sur la femme qui lui faisait face.
- « Votre mère pense le contraire, pourtant. Lui répondit la femme.
- Ma mère se fait suivre depuis ses treize ans, elle pense que tout le monde à besoin de consulter quelqu’un pour se sentir mieux dans sa peau, pour retrouver une certaine force face aux responsabilités auxquelles elle fait face. La vérité est qu’elle ressent le besoin de se confier car elle n’a aucun ami. Ajouta la jeune Estrella.
- Je ne m’occupe pas de votre mère et je ne peux donc pas la juger, de toute façon je ne me le permettrai pas. Maintenant s’il vous plait, essayez de rendre les choses plus facile. Parlez-moi de vous.
- Vous parlez de moi ? Quelle importance ? Vous savez déjà tout.
- Et bien j’essaie surtout de comprendre…
- Comprendre pourquoi j’ai couché avec le frère de mon futur époux ? »
La femme parut choquée mais tenta de ne rien laisser paraître. Estrella voulait la déstabiliser et elle le savait. Elle respira un grand coup et reposa ses yeux sur la jeune fille. Elle lisait en elle tellement de tristesse et il était nécessaire qu’elle comprenne exactement ce qui avait poussé une jeune fille si respectable à agir ainsi
- « Parlez-moi de vous Estrella, commencez par le tout début, ce sera plus simple ainsi et ça vous fera du bien aussi.
- Dans ce cas, appelez-moi Maeve.
- Pourquoi ?
- Je préfère ainsi... »
Je suis née un 21 décembre, en début de matinée. D’après ma mère il neigeait ce jour là, mais cela est sans importance. J’étais la troisième fille des Ònora, mais le fait d’être la plus jeune n’allait sûrement pas m’offrir le privilège d’être préférée aux autres. Mes sœurs étaient âgés de 4 et 1 ans, Donna [Estrella appelle ses sœurs par leur deuxième prénom, leur prénom Russe] la plus grande était déjà très autoritaire pour son âge et ne supportait pas qu’Irina vienne l’embêter ou touche à ses jouets. En grandissant, je n’eus pas non plus le droit d’y toucher. Cela m’était égal, mes parents étaient très riches et nous avions par conséquent beaucoup de jouets, cependant, je ne jouais qu’avec une poupée du nom de Lalou que j’avais depuis ma naissance. Celle-ci m’avait été offerte par la sœur de ma mère, Koda, dont j’ai hérité le prénom. Koda était à l’opposé de ma mère, douce, généreuse, réconfortante. Elle était aussi belle cependant. Je regrette parfois de ne pas la voir plus souvent. La dernière fois remonte à mes sept ans.
Tout comme avec mes sœurs, mes parents étaient très absents avec moi. Une nourrice s’occupait de moi et en grandissant un précepteur prit en charge mon éducation. Ma nourrice, Mary, était froide comme ma mère et ne me laissait rien passer. Elle était très exigeante ce qui m’épargna de devenir une petite fille capricieuse. J’entendais parfois de mes cousines que leurs nourrices leur apportaient la tendresse qu’elles n’avaient pas avec leur mère, moi je n’en avais ni avec ma mère, ni avec ma nourrice. Mais ce n’est pas plus mal comme ça. Cela me permet aujourd’hui de ne pas m’attacher trop rapidement. Contrairement à Irina qui, dans sa jeunesse, eu le cœur brisé par beaucoup de garçon car elle tombait amoureuse comme un rien.
Passons la période si ennuyeuse de mon enfance, en bref j’ai appris à l’âge de mes cinq ans que j’étais sorcière, mes parents qui intervenaient aussi bien dans le monde des sorciers que dans celui des moldus trouvaient cela préférable de ne pas nous en informer trop jeune, par crainte que cela nous échappe. Je l’ai appris tôt à cause de divers incidents qui comme tout le reste sont sans importance.
La seule fois où j’ai eu pour mon père un élan d’affection, ce fut la fois où il m’offrit une chouette noire bleuté que j’appelai Sheyni, j’avais alors 7 ans. La fête de mon anniversaire était une fois de plus à la hauteur de mes espérances. Je recevais beaucoup d’amour ce jour là, de mes oncles, de mes tantes, des amis de mes parents. Avec le temps, je pense avoir compris qu’il ne s’agissait que d’hypocrisie : Se montrer gentil avec l’enfant pour obtenir les faveurs des parents. Voilà tout.
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Mrs Sullivan l’arrêta un instant.
- « Vous avez la conviction que chaque acte, chaque parole est calculée… Tout n’est que mensonge selon vous ?
- Je viens d’un milieu très différent du votre. Dans notre monde, tout doit être calculé, l’important est l’image que l’on donne. Seule l’apparence compte. Alors oui, je pense que les personnes de mon milieu ne sont que des hypocrites. Ils ont tous peur de mes parents, tout comme vous d’ailleurs. Mais vous êtes bien trop professionnelle pour le laisser paraître… »
Mrs Sullivan venait une fois de plus d’être déstabilisée. Estrella semblait presque s’en amuser. Après un court instant de silence, elle reprit le récit de sa vie.
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Ma vie est d’ennui total en vérité, surtout la période de mon enfance. Je n’ai rien appris de mes parents, et comme je l’ai précisé tout à l’heure, un précepteur s’occupa de mon éducation. Il m’apprit à aimer les belles choses, il passait énormément de temps à me parler d’art, littérature, peinture, écriture, cinématographie, un peu de tout en fait. Il m’apprenait les bonnes manières, me forçait à me tenir droite, m’enseignait les bonnes vertus et la délicatesse dont les femmes doivent faire preuve. Aymeric, ainsi était son nom. Il était mon deuxième père, la seule personne en qui je pouvais compter et en qui j’avais totalement confiance. En grandissant, il m’apprit les choses simples de la vie, il ne voulait pas que je sois aussi superficielle que mes sœurs, il tenait beaucoup à moi.
Voyez-vous, Aymeric n’avait pas d’enfant, il avait perdu sa femme quelques années plus tôt et avait reporté tout l’amour qu’il avait en lui, sur moi. Il m’appelait « petite princesse ». J’étais en quelque sorte, dans son cœur, sa fille.
L’été de mes dix ans, je reçus, tout comme mes sœurs avant, une lettre de la prestigieuse école Poudlard. Ma vie allait changer, j’en avais la conviction. J’étais heureuse de quitter le foyer familiale, je me sentais grande, prête à me confronter à un autre univers malgré l’appréhension de ma mère. Ainsi, au mois de septembre j’intégrai l’école, au sein des Gryffondor.
Mes sœurs, qui étaient elles aussi à Gryffondor, étaient considérées comme des pestes capricieuses et autoritaires. Je vous laisse donc imaginer l’accueil qui fut réservé à une nouvelle Ònora. Avant même de me connaître, 99,9% de l’école me détestait. Et je pouvais le comprendre. Mais sans vouloir les approuver, je comprenais aussi mes sœurs.
Nous avions eu une éducation, de part notre titre de princesse, assez spéciale et l’habitude de tout avoir, il n’était donc pas facile pour nous de nous adapter à la vie de Poudlard. Nous avions pour habitude d’être respectées dès le départ, ici il fallait faire ses preuves pour n’avoir qu’une petite preuve de respect. Et ces preuves, mes sœurs ne les avaient pas faites. Par chance pour moi, tout le monde ne me renia pas. Nolwenn Hawkins, une jeune fille du même âge que moi qui intégrait elle aussi Poudlard, m’offrit son amitié très rapidement.
Ses parents étaient moldus, elle venait de la banlieue Londonienne et avait un mode de vie très différent du miens. C’est sans doute le fait de la fréquenter qui a ouvert les yeux de beaucoup d’élèves de Poudlard, je ne semblais plus aussi prétentieuse qu’au premier jour. Nolwenn est devenue avec le temps ma meilleure amie, ma confidente. Elle a malheureusement dû quitter l’école durant notre quatrième année, ses parents déménageaient en France et elle intégra donc l’école de Beauxbâtons.
J’en veux au destin de m’avoir retiré une amie aussi précieuse que Nolwenn, car même si je m’étais fait d’autres amis, aucun ne se révéla à sa hauteur et personne ne réussit à me faire autant rire.
En résumé de mes années d’études, mes professeurs avaient tendance à me confondre avec les studieux Serdaigle. Ils étaient fiers de moi, me trouvaient très attentive à leurs cours et très intelligente. Je m’adaptais à n’importe quelle situation et était toujours très sérieuse. En cinquième année, j’eu donc mes BUSE avec brio.
Concernant les activités de l’école, sachez que j’ai fait parti de ma deuxième à ma cinquième année de l’équipe de Quidditch de Gryffondor. J’aimais ce sport plus que tout et me sentais tellement libre sur mon balai. J’occupai le poste de poursuiveur, je n’étais peut-être pas la meilleure, mais je me débrouillais bien. Lors de ma cinquième année, un incident est arrivé. Alors que nous affrontions les Poufsouffle et que j’allais marquer notre 100ème point, le batteur de l’équipe adverse m’a pris pour cible à plusieurs reprises et à finalement réussit son coup. Sur un manque de concentration je n’ai pas vu venir le cognard qui m’a frappé si violemment que je me souviens encore de la douleur.
J’ai fait une chute d’une vingtaine de mètres selon certains, une quinzaine selon d’autre, en vérité je crois qu’il s’agissait plus d’une dizaine. Je me suis réveillée trois jours plus tard à l’infirmerie avec un bras et une jambe dans le plâtre. Je m’en sortais plutôt bien au final, mais mon père ne l’entendait pas de cette façon. Quand il a appris le fait, il s’est de suite mis en tête d’attaquer l’école. Il avait énormément d’influence et pouvait faire beaucoup de dégât, alors que ce n’était pas si grave. Je réussis à le faire changer d’avis mais en contrepartie il m’interdit de monter à nouveau sur un balai et fit promettre à tous les professeurs de l’école de me l’interdire aussi. J’ai donc dû quitter l’équipe.
J’oubliais, ce jour là nous avons tout de même gagné la rencontre mais cela ne nous a pas suffit à gagner la coupe…
J’arrive au pourquoi je suis ici à présent, à vous parlez de ma vie comme si elle demeurait une des plus incroyables, des plus magnifiques, ma merveilleuse vie de princesse.
Février 2007, année de mes seize ans, je rentrai pour les vacances chez moi en Irlande et une surprise des plus déplaisantes m’attendait. Dans notre famille, les femmes sont mariées très jeune, mes sœurs l’avaient été à 17 ans, ma mère à 16 et la plus part des mes tantes et cousines avaient cet âge là à peu près quand vint leur tour. Je savais donc qu’il n’était qu’une question de temps et que bientôt on me présenterait un homme que je me devrais d’aimer, d’honorer, à qui je devrai me donner tout entière. Je l’avoue, je redoutais ce jour. Je n’étais pas prête. Et je ne m’aimais pas assez pour laisser une autre personne le faire.
Ce fut donc lors de ces vacances que mon très cher père me présenta à la famille Ò Larthaigh, le père, la mère, mon futur époux et son jeune frère. Mon futur mari se prénommait Ronan et était âgé de 26 ans, ce qui m’effrayait d’autant plus. Il était de dix ans mon aîné et avait un regard si froid que j’en avais presque peur. Tout le contraire de son frère, Cillian, âgé de 18 ans, qui lui avait un charme déstabilisant. Souvent, lors de repas, nos regards se croisaient et je tournais la tête gênée, tandis que lui soutenait mon regard et laissa apparaître sur son visage un léger sourire. J’essayais tant bien que mal de ne rien laissez paraître, mais il était évident pour nous deux que nous nous plaisions. Ronan parlait fort et avait beaucoup d’assurance. Cillian en avait beaucoup aussi, mais parlait avec calme et me rassurait rien qu’avec un regard.
Comme il se doit, je m’entretenu plusieurs fois avec Ronan qui me faisait la coure et ne cessait de me flatter sur ma beauté. Il disait que j’avais le charme du diable. Aurai-je dû en soutirer un quelconque compliment ? Il disait aussi que j’avais tout pour plaire et que c’était pour ça qu’une fois devenue mon époux, nous nous retirions loin d’ici, loin de la vue des autres hommes car il me voulait pour lui seul. Une vie bien triste, isolée et sous la volonté d’un seul homme m’attendait donc.
Parfois Ronan revenait avec une rose et me l’offrait, convaincue que comme toutes les femmes, les roses étaient mes fleurs préférés, je ne disais rien pour ne pas blesser son orgueil. En comparaison, le jour de ma fête, Cillian m’apporta lui des orchidées. Celles-ci faisaient partie de mes fleurs préférées et je ne sais trop comment, il l’avait deviné.
Un jour, Ronan désireux de s’entretenir avec mon père me demanda de tenir compagnie à Cillian en promettant que ça ne durait pas longtemps. Je me promenais donc, Cillian à mes côtés, dans notre merveilleux jardin. J’étais silencieuse et essayais de me montrer désintéressée, mais Cillian avait encore ce sourire que j’aimais tant et qui me déstabilisais.
- « Vous l’aimez ? Me demanda t-il.
- Pardon ?
- Je vous demande si vous aimez mon frère.
- Cela ne vous regarde pas ! Lançais-je en essayant de me montrer froide.
- Il faudrait être folle pour aimer mon frère.
- Comment pouvez-vous dire cela ?
- Je le dis parce que je le connais… »
Cillian s’était arrêté et s’assit sur un banc, je le regardais en attendant plus d’explication, mais il se contenta de me sourire et je ne pu alors que lui répondre par un sourire timide.
Je ne sais trop comment, ni même pourquoi, il s’est approché de moi et m’a embrassé. Plutôt que de le repousser, je l’ai laissé faire. Même si cela m’était interdit, je ne pouvais me résoudre à ignorer les raisons de mon cœur, et mon cœur avait choisi Cillian depuis le tout début.
C’est à partir de cela que tout est devenu compliqué. Nous nous aimions en secret et devions vivre caché. En retournant à Poudlard, nous ne pouvions communiquer que par lettre. Cillian m’avait demandé de signer Maeve qui était mon deuxième prénom pour éviter d’être découvert (il m’appela d’ailleurs à partir de ce moment là ainsi). Ronan aussi m’en envoyait et je me devais d’y répondre mais cela était tellement plus dur.
Lorsque l’été arriva, j’étais si heureuse de pouvoir retrouver l’homme que j’aimais, mais en l’aimant j’avais oublié l’essentiel. J’étais promise à son frère. Mon père me fit redescendre et la chute a été très brutale. Il m’annonca que Lord Ò Larthaigh désirait avancer notre mariage et qu’il aurait finalement lieu en fin d’année plutôt qu’à l’été prochain. Je refusais en prétendant que j’avais encore un an à aller à Poudlard, qu’il me fallait mes ASPIC. Ronan me répondit lui-même que ce n’était pas nécessaire pour une femme de mon grade, j’étais fort belle, ma vie était tout tracée et je n’avais pas le besoin d’être d’avantage instruite. Je trouvais ses paroles déplacées et je me mettais maintenant à le haïr. Je voulais juste retrouver Cillian et partir avec lui le plus vite possible.